Je savais pertinemment que la première chose que je chercherais en rentrant dans cette salle de fête, c'était une jeune femme à la longue chevelure couleur de soleil, même si je ne voulais pas me l'admettre à moi-même. En vérité, j'y pensais depuis ce matin, depuis que je m'étais décider à faire mon travail de journaliste en me montrant au premier bal de la communauté des sorciers. Non pas que mon désir soit grand de me mêler à la communauté sorcière de Londres; mon mal du pays mêlé d'une haine toujours présente de cette Angleterre étaient trop présents encore. J'éprouvais plutôt une certaine répugnance à me mêler au gratin londonien.
Mais j'étais curieux et puis... Il y avait cette femme. J'avais beau me persuader du contraire, repousser au plus profond de mon coeur les quelques pensées bien trop romantiques que j'avais vu à son sujet, elle était présente dans mon esprit et cette question me martelait la tête tandis que je montais les marches du ministère de la Magie: serait-elle là? J'avais entendu qu'une certaine Adeline Rivers serait présente - et puis c'était connu qu'elle était très proche de la nouvelle ministre. Or, le nom de Rivers m'était plus que familier ces derniers temps...
Je venais à ce bal pour travailler avant tout, les rencontres potentielles viendraient après. J'avais mon appareil photo et mon calepin calé sous mon bras et j'entendais bien prendre des renseignements intéressants sur tout le monde présent ici. Business is Business... J'entrai dans la salle juste avant que la ministre commence son discours du ministre. Une certaine Lyra Parry en fit un, aussi. Je pris des photos. Je me coulai le long du mur de fond pour avoir une vue panoramique, que je photographiai également. Miss Clay avait choisi d'axer son discours sur les sentiments; je vis des gens échanger des coups d'œil émus alors qu'elle évoquait la liberté individuelle qui avait été mise de côté sous le régime d'avant. Bien joué. Puis je me fondis dans la salle, prenant des photos d'ambiance, faisant un peu de repérage avant de me mettre à interviewer les gens. Chaque chose en son temps. Je procédais méthodiquement, sans me presser, le visage impassible: je connaissais parfaitement mon métier. Je m'amusais même à profiter des quelques compliments très flatteurs sur mon physique que j'entendais de la part de jeunes femmes non loin de moi; elles gloussaient sans s'arrêter, quelles idiotes... Mais je devais reconnaître que j'en profitais bien.
Soudain, une chose retint mon attention. Quelqu'un salua, d'une voix forte, une jeune femme à ma droite. C'était Adeline Rivers! Instinctivement, je la regardai, je la détaillai, elle ne me voyait pas. Il fallait que je lui parle, pour n'importe quel motif, mais je devais lui parler. Car si mes pupilles scrutaient la foule depuis tout à l'heure, elles le faisaient en vain: aucune chevelure blonde n'était là pour les égayer. « Elle » n'était pas là - mais cela, je l'avais senti avant de rentrer. Ah, que de cruelles questions provoquent l'absence à celui qui attend! Pourquoi? Pourquoi n'était-elle pas là? Malade, alitée? Car je savais que les Cracmolls n'étaient pas rayé des listes de ce genre de réunion. Et puis, elle aurait pu accompagner sa sœur!... Alors pourquoi?...
Adeline Rivers était occupée pour le moment, mais je me fis le serment de lui sauter dessus dès qu'elle aurait une fraction de seconde à elle. Pour le moment, je finissais mon inspection, la tête un peu ailleurs, je devais bien l'avouer...